Exposition à des particules d’adjuvant aluminiques chez la souris : des effets neurotoxiques observés uniquement à la plus faible dose !

La dernière publication de l’équipe des Pr Gherardi et Authier à l’Institut Mondor de Recherche Biomédicale de Créteil (Crépeaux et al., 2017, Toxicology) montre que le principe de toxicologie classique selon lequel « la dose fait le poison » ne semble pas s’appliquer aux particules d’hydroxyde d’aluminium.


En effet, l’équipe a exposé des souris femelles adultes à différentes doses d’hydroxyde d’aluminium (Alhydrogel®) par voie intra-musculaire, et a évalué les effets de ces expositions 6 mois plus tard. 180 jours après les injections de 200, 400 ou 800 µg Al/kg de poids corporel, les résultats montrent des altérations du comportement (baisse des niveaux d’activité et d’anxiété) pour les animaux exposés à la dose de 200 µg Al/kg, par rapport aux témoins. Aucune modification n’est relevée pour les animaux ayant reçus les doses de 400 ou 800 µg Al/kg.

Dans le même temps, les résultats montrent une augmentation du nombre de cellules microgliales (cellules immunitaires du système nerveux central) au niveau des noyaux amygdaliens (zone du cerveau impliquée entre autre dans les comportements anxieux), uniquement chez les animaux exposés à 200 µg Al/kg. Dans ce même groupe, on note que la totalité des animaux testés présente une disparition du granulome à 6 mois post-injection, au niveau du muscle injecté, ce qui n’est pas le cas pour les autres animaux ayant reçu l’adjuvant. Enfin, les animaux du groupe exposés à la plus faible dose sont également les seuls pour lesquels a été observée une augmentation significative de la concentration cérébrale d’aluminium.

                Concentration cérébrale d’aluminium (mg/g de tissu sec, n = 5 / groupe).
Les résultats sont exprimés sous forme de médianes et quartiles,

* p < 0,05, test  non paramétrique de Kruskal-Wallis suivi du test de Mann-Whitney

L’ensemble des résultats montrent que les injections d’hydroxyde d’aluminium chez la souris, à des doses correspondantes à plusieurs administrations de vaccins contenant cet adjuvant, sont capables d’induire des modifications du comportement à long terme, ainsi qu’une augmentation du niveau d’aluminium mesuré dans le cerveau, par rapport à des animaux témoins. Ces observations ne sont pas faites chez les animaux ayant reçus des doses 2 ou 4 fois supérieures.

L’hypothèse principale pour expliquer cette dose-réponse non linéaire est celle de la différence de taille des particules injectées. En effet, après mesure de la taille des particules pour chacune des 3 doses administrées, il apparaît que les particules issues de la solution à la plus faible concentration (dose 200 µg Al/kg) sont composées uniquement de particules mesurant moins de 2000 nm, alors que les solutions aux plus fortes concentrations (doses 400 et 800 µg Al/kg) contiennent des agglomérats plus gros. Cette petite taille, de l’ordre de grandeur de la taille des bactéries, semble favorable à une capture des particules par les cellules du système immunitaire, et à leur translocation vers d’autres tissus distants, où elles peuvent ensuite s’accumuler.

Les auteurs concluent alors que la toxicologie de l’hydroxyde d’aluminium doit être envisagée en prenant en compte le caractère particulaire de cet adjuvant, et que même une dose plus faible d’adjuvant peut entrainer chez la souris des effets neurocomportementaux et une bio-persistance à long terme.

Pour lire l’extrait original :

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27908630

 

24 janvier 2017/0 Commentaires/dans Les articles de la rédaction, Recherches scientifiques /par Guillemette Crepeaux