Mercredi soir (16 mai 2018) avait lieu à la mairie du IIe arrondissement de Paris une table ronde intitulée « Médecines complémentaires : mythes et vérités ». À l’initiative de la première adjointe de la mairie, médecin du travail, cinq professionnels de santé utilisant des approches complémentaires telles que la phytothérapie, l’acupuncture, l’homéopathie, l’ostéopathie, la naturopathie ou l’hypnose étaient invités à y parler… Il est hélas rapidement devenu apparent qu’une partie de l’auditoire était composé d’opposants virulents, se définissant comme anti « fake médecines ».

Ces petits soldats de Big Pharma, non contents d’avoir tenté (sans succès) de faire annuler la table ronde par une pétition lancée quelques semaines auparavant, ont tenté de faire taire ou ridiculiser les intervenants par des invectives et des interpellations bruyantes. Clou du spectacle (ou comble du pathétique), avant de se voir enfin congédier par une salle agacée par leurs interruptions constantes : une « performance Hahnemannienne» au cours de laquelle, aux cris de « voilà ce que j’en fais, de l’homéopathie », ces trublions mal inspirés ont avalé des tubes entiers d’homéopathie… Un spécialiste présent eût été bien inspiré, tant qu’à faire, de leur conseiller des remèdes comme Stramonium ou Hyoscyamus Niger en 30 CH.

Ces pitreries ne mériteraient sans doute pas qu’on s’y attarde si elles ne témoignaient d’un climat de plus en plus inquisiteur envers les approches alternatives de santé. Comme nous l’expliquions déjà dans ce précédent article en défense de l’homéopathie, ces attaques révèlent une absence totale de remise en question des pratiques de la médecine conventionnelle et une cécité inquiétante.

Songeraient-ils d’ailleurs à intervenir avec fracas au milieu d’un congrès de pharmacie, puisqu’il est maintenant avéré qu’environ la moitié des médicaments vendus sans ordonnance n’ont jamais démontré d’efficacité scientifique ? (Voir par exemple le travail du professeur de pharmacologie clinique et membre de l’Académie de médecine Jean-Paul Giroud.) La réponse est non, bien sûr, car leur indignation est aussi idéologique que sélective.

Pendant ce temps, des vrais sujets de santé publique sont pressants et balayés sous le tapis :
Par exemple le fait qu’on sent monter une pression croissante pour faire vacciner toutes les jeunes filles contre le papillomavirus. Gageons que ceux qui poussent des cris d’orfraie face aux dangers supposés de l’homéopathie, sont sans doute les mêmes qui ânonnent béatement que tous les vaccins sont utiles et sans danger (puisqu’on vous dit que c’est ALLOPATHIQUE !). Or comme le montre pourtant le brillant et très documenté article de la semaine des Drs Nicole et Gérard Delépine concernant le vaccin contre le papillomavirus, rien n’est moins vrai…

Malgré une possibilité d’effets indésirables bien avérée, Il n’existe en réalité aucune preuve que le vaccin protège contre le cancer du col de l’utérus ! Et ses promoteurs font preuve, au mieux, de crédulité ou d’incompétence.

Par exemple, le fait que le gouvernement vient de s’annoncer défavorable à l’indemnisation des victimes de pesticide, car la création d’un fonds d’indemnisation serait « prématurée », malgré un vote en ce sens au Sénat en février 2018. Une situation dénoncée par les associations : « Les victimes de pesticides sont encore abandonnées. Ne leur restera-t-il que les tribunaux pour faire valoir leurs droits, avec les frais considérables associés et les risques de rejet de procédures ? », déplore Arnaud Apoteker, délégué général de Justice Pesticide.

La ministre de la Santé Agnès Buzyn justifie cette reculade en arguant que « nous connaissons encore trop mal les risques sur la santé d’une exposition à un ou plusieurs produits phytopharmaceutiques », un point de vue à rebours des conclusions de nombreuses publications internationales, ou même de l’INSERM dirigé par son mari, qui soulignait en 2013 le caractère « intrinsèquement dangereux » des pesticides et des « augmentations de risques significatives pour plusieurs pathologies ».

Ce qui fait réagir la députée européenne écologiste Michèle Rivasi, « Je suis scandalisée par les propos de la ministre de la Santé » s’exclame-t-elle. « Nous sommes dans le négationnisme scientifique le plus absolu, alors que les preuves scientifiques se sont accumulées dans le monde entier. L’influence du lobby des empoisonneurs a encore frappé, au détriment des victimes. » Pour en savoir plus sur les dangers des pesticides, sachez que « La marche vérité et justice pour la santé environnementale » débutée le 1er mai à Fos-sur-Mer abordera ce thème demain à Grenoble.

Elle se joindra d’ailleurs à la Marche mondiale contre Monsanto Bayer Syngeta & co, qui aura lieu dans des milliers de villes dans le monde ce samedi 19 mai. Pour savoir si une marche est organisée dans votre ville et connaître son itinéraire, vous pouvez vous rendre ici.
Prenez soin de vous,

Alternative Santé n°295 du 18 mai 2018