… et les malades contre-attaquent…

Le 19 juin, l’association Lyme sans Frontières a soldé des années de combat par une grande conférence médiatisée. L’occasion pour elle d’interpeller l’opinion publique sur son triste sort, par la voix notamment du professeur Montagnier.

Le Pr Montagnier a été, dimanche 19 juin à Strasbourg (Bas-Rhin), limpide, clair, et même cinglant : c’est par « une grande ignorance », notamment « de son caractère chronique », que la maladie de Lyme est très mal diagnostiquée en France. Prenant fait et cause pour les malades dans leur lutte contre cette maladie transmise par les morsures de tiques, le professeur – qui évoque de prometteuses découvertes pour mieux diagnostiquer cette affection – enfonce le clou en affirmant qu‘il est « lamentable que les pouvoirs publics et les autorités de santé n’aient pas une politique cohérente sur la maladie de Lyme », dénonçant « l’ignorance totale sur le sujet d’une grande partie de la communauté médicale et scientifique ».

Il n’y est donc pas allé avec le dos de la cuillère, le Prof’, invité qu’il était par l’association Lyme sans Frontières pour une journée d’étude consacrée à cette pathologie. Lyme sans frontières, dont nous nous sommes toujours fait l’écho de la colère vis-à-vis de l’approche conventionnelle de la maladie. Une approche, disons… très distanciée.

Des tests inefficaces

Si le paradigme est erroné, les résultats seront faussés. C’est en substance ce qu’a déclaré le Pr Montagnier, expliquant que si les tests utilisés pour détecter la bactérie de Lyme donnent de trop nombreux faux négatifs, c’est parce qu’ils cherchent à détecter des anticorps là où un grand nombre de patients n’en développent pas. Ce que propose le scientifique, c’est de mettre au point une méthode de diagnostic détectant dans le sang I’ADN de la bactérie, en captant des ondes électromagnétiques émises par l’échantillon utilisé. Montagnier désamorce les cris d’orfraie en avouant d’ores et déjà que cette approche électromagnétique n’est pas reconnue par ses pairs scientifiques, entraînant évidemment des difficultés pour la faire valider. Et il s’enrage d’autant plus que les nouveaux cas pullulent.

200 patients portent plainte

Sur la question des nouveaux cas, on se croirait dans la guerre des chiffres d’une manif. D’un côté, les estimations des autorités (27 000 cas officiellement déclarés), de l’autre, ceux de Lyme sans frontières, qui parle de près de 300 000 cas par an. Et les premiers concernés sont remontés. À force d’être baladés de médecin en médecin, près de 200 patients ont décidé de porter plainte contre les laboratoires pour la commercialisation de tests de diagnostic inefficaces. Ils le feront avec d’autant plus de véhémence que Bernard Christophe, inventeur du Tic-Tox, complément alimentaire efficace contre Lyme, et Viviane Schaller, dont les tests ont été seuls efficients pour diagnostiquer la maladie quand les tests Elisa étaient inappropriés, ont été condamnés en 2014.

Cette journée du 19 marque peut-être une première victoire pour déjouer ce que Viviane Schaller déplorait après avoir été condamnée pour utilisation de protocoles de dépistage de la maladie non homologués : « Dans cette histoire, le sort des malades, on s’en fiche, et ça, c’est scandaleux ! » Comment ne pas lui donner raison…

Camille Parinaud – Alternative Santé n°37 – juiltet-août 2016

La maladie de Lyme est difficile à diagnostiquer tant ses symptômes peuvent évoquer d’autres maladies. Elle peut toucher plusieurs organes et évoluer en plusieurs phases de gravité croissante. Elle peut ainsi se manifester par une lésion cutanée (érythème migrant), par des courbatures et une fatigue de type grippal. Lorsque l’infection se dissémine dans le sang, elle peut entraîner des douleurs articulaires des atteintes nerveuses (jusqu’aux troubles neurologiques), ophtalmologiques, voire cardiaques.